Quantcast
Channel: Journal de Denis Chautard
Viewing all 2414 articles
Browse latest View live

« Lettre ouverte au monde musulman » de Abdennour Bidar

$
0
0
« Lettre ouverte au monde musulman » de Abdennour Bidar

Abdennour Bidar est normalien, philosophe et musulman. Il a produit et présenté tout au long de l’été sur France Inter une émission intitulée « France-Islam questions croisées ». Il est l’auteur de 5 livres de philosophie de la religion et de nombreux articles.

Cette lettre ouverte au monde musulman fait suite aux événements des jours passés, notamment l’assassinat de Hervé Gourdel. De nombreux musulmans ont manifesté leur indignation nécessaire et salutaire (en France et dans le monde, avec le mouvement #NotInMyName – « pas en mon nom »). Au-delà de cette dénonciation indispensable, Abdennour Bidar pense qu’il faut aller plus en profondeur, et entrer dans une autocritique de l’Islam comme religion et civilisation dans ce moment de transition cruciale de sa longue histoire. Pour le meilleur de l’Islam.

Dans un esprit de fraternité entre croyants de bonne volonté, c’est avec joie que nous pouvons lire ce texte, découvrir un autre visage de l’Islam, et peut-être prendre nous aussi quelque chose de cette sagesse qui consiste à vouloir se réformer pour être plus fidèle.

Pasteur Marc Pernot, Lab'Oratoire - 3 octobre 2014

Abdennour Bidar :

« Cher monde musulman, je suis un de tes fils éloignés qui te regarde du dehors et de loin – de ce pays de France où tant de tes enfants vivent aujourd’hui. Je te regarde avec mes yeux sévères de philosophe nourri depuis son enfance par le taçawwuf (soufisme) et par la pensée occidentale. Je te regarde donc à partir de ma position de barzakh, d’isthme entre les deux mers de l’Orient et de l’Occident !

Et qu’est-ce que je vois ? Qu’est-ce que je vois mieux que d’autres sans doute parce que justement je te regarde de loin, avec le recul de la distance ? Je te vois toi, dans un état de misère et de souffrance qui me rend infiniment triste, mais qui rend encore plus sévère mon jugement de philosophe ! Car je te vois en train d’enfanter un monstre qui prétend se nommer État islamique et auquel certains préfèrent donner un nom de démon : DAESH. Mais le pire est que je te vois te perdre – perdre ton temps et ton honneur – dans le refus de reconnaître que ce monstre est né de toi, de tes errances, de tes contradictions, de ton écartèlement entre passé et présent, de ton incapacité trop durable à trouver ta place dans la civilisation humaine.

Que dis-tu en effet face à ce monstre ? Tu cries « Ce n’est pas moi ! », « Ce n’est pas l’islam ! ». Tu refuses que les crimes de ce monstre soient commis en ton nom (hashtag #NotInMyName). Tu t’insurges que le monstre usurpe ton identité, et bien sûr tu as raison de le faire. Il est indispensable qu’à la face du monde tu proclames ainsi, haut et fort, que l’islam dénonce la barbarie. Mais c’est tout à fait insuffisant ! Car tu te réfugies dans le réflexe de l’autodéfense sans assumer aussi et surtout la responsabilité de l’autocritique. Tu te contentes de t’indigner alors que ce moment aurait été une occasion historique de te remettre en question ! Et tu accuses au lieu de prendre ta propre responsabilité : « Arrêtez, vous les occidentaux, et vous tous les ennemis de l’islam de nous associer à ce monstre ! Le terrorisme ce n’est pas l’islam, le vrai islam, le bon islam qui ne veut pas dire la guerre, mais la paix ! »

J’entends ce cri de révolte qui monte en toi, ô mon cher monde musulman, et je le comprends. Oui tu as raison, comme chacune des autres grandes inspirations sacrées du monde l’islam a créé tout au long de son histoire de la Beauté, de la Justice, du Sens, du Bien, et il a puissamment éclairé l’être humain sur le chemin du mystère de l’existence… Je me bats ici en Occident, dans chacun de mes livres, pour que cette sagesse de l’islam et de toutes les religions ne soit pas oubliée ni méprisée ! Mais de ma position lointaine, je vois aussi autre chose que tu ne sais pas voir… Et cela m’inspire une question – LA grande question : pourquoi ce monstre t’a-t-il volé ton visage ? Pourquoi ce monstre ignoble a-t-il choisi ton visage et pas un autre ? C’est qu’en réalité derrière ce monstre se cache un immense problème, que tu ne sembles pas prêt à regarder en face. Il faudra bien pourtant que tu finisses par en avoir le courage.

Ce problème est celui des racines du mal. D’où viennent les crimes de ce soi-disant « État islamique » ? Je vais te le dire, mon ami. Et cela ne va pas te faire plaisir, mais c’est mon devoir de philosophe. Les racines de ce mal qui te vole aujourd’hui ton visage sont en toi-même, le monstre est sorti de ton propre ventre – et il en surgira autant d’autres monstres pires encore que celui-ci tant que tu tarderas à admettre ta maladie, pour attaquer enfin cette racine du mal !

Même les intellectuels occidentaux ont de la difficulté à le voir : pour la plupart ils ont tellement oublié ce qu’est la puissance de la religion – en bien et en mal, sur la vie et sur la mort – qu’ils me disent « Non le problème du monde musulman n’est pas l’islam, pas la religion, mais la politique, l’histoire, l’économie, etc. ». Ils ne se souviennent plus du tout que la religion peut être le cœur de réacteur d’une civilisation humaine ! Et que l’avenir de l’humanité passera demain non pas seulement par la résolution de la crise financière, mais de façon bien plus essentielle par la résolution de la crise spirituelle sans précédent que traverse notre humanité tout entière ! Saurons-nous tous nous rassembler, à l’échelle de la planète, pour affronter ce défi fondamental ? La nature spirituelle de l’homme a horreur du vide, et si elle ne trouve rien de nouveau pour le remplir elle le fera demain avec des religions toujours plus inadaptées au présent – et qui comme l’islam actuellement se mettront alors à produire des monstres.

Je vois en toi, ô monde musulman, des forces immenses prêtes à se lever pour contribuer à cet effort mondial de trouver une vie spirituelle pour le XXIe siècle ! Malgré la gravité de ta maladie, il y a en toi une multitude extraordinaire de femmes et d’hommes qui sont prêts à réformer l’islam, à réinventer son génie au-delà de ses formes historiques et à participer ainsi au renouvellement complet du rapport que l’humanité entretenait jusque là avec ses dieux ! C’est à tous ceux-là, musulmans et non-musulmans qui rêvent ensemble de révolution spirituelle, que je me suis adressé dans mes ouvrages ! Pour leur donner, avec mes mots de philosophe, confiance en ce qu’entrevoit leur espérance !

Mais ces musulmanes et ces musulmans qui regardent vers l’avenir ne sont pas encore assez nombreux ni leur parole assez puissante. Tous ceux-là, dont je salue la lucidité et le courage, ont parfaitement vu que c’est l’état général de maladie profonde du monde musulman qui explique la naissance des monstres terroristes aux noms de Al Qaida, Al Nostra, AQMI ou « État islamique ». Ils ont bien compris que ce ne sont là que les symptômes les plus visibles sur un immense corps malade, dont les maladies chroniques sont les suivantes : impuissance à instituer des démocraties durables dans lesquelles est reconnue comme droit moral et politique la liberté de conscience vis-à-vis des dogmes de la religion ; difficultés chroniques à améliorer la condition des femmes dans le sens de l’égalité, de la responsabilité et de la liberté ; impuissance à séparer suffisamment le pouvoir politique de son contrôle par l’autorité de la religion ; incapacité à instituer un respect, une tolérance et une véritable reconnaissance du pluralisme religieux et des minorités religieuses.

Tout cela serait-il donc la faute de l’Occident ? Combien de temps précieux vas-tu perdre encore, ô cher monde musulman, avec cette accusation stupide à laquelle toi-même tu ne crois plus, et derrière laquelle tu te caches pour continuer à te mentir à toi-même ?

Depuis le XVIIIe siècle en particulier, il est temps de te l’avouer, tu as été incapable de répondre au défi de l’Occident. Soit tu t’es réfugié de façon infantile et mortifère dans le passé, avec la régression obscurantiste du wahhabisme qui continue de faire des ravages presque partout à l’intérieur de tes frontières – un wahhabisme que tu répands à partir de tes lieux saints de l’Arabie Saoudite comme un cancer qui partirait de ton cœur lui-même ! Soit tu as suivi le pire de cet Occident, en produisant comme lui des nationalismes et un modernisme qui est une caricature de modernité – je veux parler notamment de ce développement technologique sans cohérence avec leur archaïsme religieux qui fait de tes « élites » richissimes du Golfe seulement des victimes consentantes de la maladie mondiale qu’est le culte du dieu argent.

Qu’as-tu d’admirable aujourd’hui, mon ami ? Qu’est-ce qui en toi reste digne de susciter le respect des autres peuples et civilisations de la Terre ? Où sont tes sages, et as-tu encore une sagesse à proposer au monde ? Où sont tes grands hommes ? Qui sont tes Mandela, qui sont tes Gandhi, qui sont tes Aung San Suu Kyi ? Où sont tes grands penseurs dont les livres devraient être lus dans le monde entier comme au temps où les mathématiciens et les philosophes arabes ou persans faisaient référence de l’Inde à l’Espagne ? En réalité tu es devenu si faible derrière la certitude que tu affiches toujours au sujet de toi-même… Tu ne sais plus du tout qui tu es ni où tu veux aller, et cela te rend aussi malheureux qu’agressif… Tu t’obstines à ne pas écouter ceux qui t’appellent à changer en te libérant enfin de la domination que tu as offerte à la religion sur la vie tout entière.

Tu as choisi de considérer que Mohammed était prophète et roi. Tu as choisi de définir l’islam comme religion politique, sociale, morale, devant régner comme un tyran aussi bien sur l’État que sur la vie civile, aussi bien dans la rue et dans la maison qu’à l’intérieur même de chaque conscience. Tu as choisi de croire et d’imposer que l’islam veut dire soumission alors que le Coran lui-même proclame qu’« Il n’y a pas de contrainte en religion » (La ikraha fi Dîn). Tu as fait de son Appel à la liberté l’empire de la contrainte ! Comment une civilisation peut-elle trahir à ce point son propre texte sacré ?

De nombreuses voix que tu ne veux pas entendre s’élèvent aujourd’hui dans la Oumma pour dénoncer ce tabou d’une religion autoritaire et indiscutable… Au point que trop de croyants ont tellement intériorisé une culture de la soumission à la tradition et aux « maîtres de religion » (imams, muftis, shouyoukhs, etc.) qu’ils ne comprennent même pas qu’on leur parle de liberté spirituelle ni qu’on leur parle de choix personnel vis-à-vis des « piliers » de l’islam. Tout cela constitue pour eux une « ligne rouge » si sacrée qu’ils n’osent pas donner à leur propre conscience le droit de le remettre en question ! Et il y a tant de familles où cette confusion entre spiritualité et servitude est incrustée dans les esprits dès le plus jeune âge, et où l’éducation spirituelle est d’une telle pauvreté que tout ce qui concerne la religion reste quelque chose qui ne se discute pas !

Or cela de toute évidence n’est pas imposé par le terrorisme de quelques troupes de fous fanatiques embarqués par l’État islamique. Non ce problème-là est infiniment plus profond ! Mais qui veut l’entendre ? Silence là-dessus dans le monde musulman, et dans les médias occidentaux on n’entend plus que tous ces spécialistes du terrorisme qui aggravent jour après jour la myopie générale ! Il ne faut donc pas que tu t’illusionnes, ô mon ami, en faisant croire que quand on en aura fini avec le terrorisme islamiste l’islam aura réglé ses problèmes ! Car tout ce que je viens d’évoquer – une religion tyrannique, dogmatique, littéraliste, formaliste, machiste, conservatrice, régressive – est trop souvent l’islam ordinaire, l’islam quotidien, qui souffre et fait souffrir trop de consciences, l’islam du passé dépassé, l’islam déformé par tous ceux qui l’instrumentalisent politiquement, l’islam qui finit encore et toujours par étouffer les Printemps arabes et la voix de toutes ses jeunesses qui demandent autre chose. Quand donc vas-tu faire enfin cette révolution qui dans les sociétés et les consciences fera rimer définitivement spiritualité et liberté ?

Bien sûr dans ton immense territoire il y a des îlots de liberté spirituelle : des familles qui transmettent un islam de tolérance, de choix personnel, d’approfondissement spirituel ; des lieux où l’islam donne encore le meilleur de lui-même, une culture du partage, de l’honneur, de la recherche du savoir, et une spiritualité en quête de ce lieu sacré où l’être humain et la réalité ultime qu’on appelle Allâh se rencontrent. Il y a en Terre d’islam, et partout dans les communautés musulmanes du monde, des consciences fortes et libres. Mais elles restent condamnées à vivre leur liberté sans reconnaissance d’un véritable droit, à leurs risques et périls face au contrôle communautaire ou même parfois face à la police religieuse. Jamais pour l’instant le droit de dire « Je choisis mon islam », « J’ai mon propre rapport à l’islam » n’a été reconnu par « l’islam officiel » des dignitaires. Ceux-là au contraire s’acharnent à imposer que « La doctrine de l’islam est unique » et que « L’obéissance aux piliers de l’islam est la seule voie droite » (sirâtou-l-moustaqîm).

Ce refus du droit à la liberté vis-à-vis de la religion est l’une de ces racines du mal dont tu souffres, ô mon cher monde musulman, l’un de ces ventres obscurs où grandissent les monstres que tu fais bondir depuis quelques années au visage effrayé du monde entier. Car cette religion de fer impose à tes sociétés tout entières une violence insoutenable. Elle enferme toujours trop de tes filles et tous tes fils dans la cage d’un Bien et d’un Mal, d’un licite (halâl) et d’un illicite (harâm) que personne ne choisit, mais que tout le monde subit. Elle emprisonne les volontés, elle conditionne les esprits, elle empêche ou entrave tout choix de vie personnel. Dans trop de tes contrées tu associes encore la religion et la violence – contre les femmes, les « mauvais croyants », les minorités chrétiennes ou autres, les penseurs et les esprits libres, les rebelles – de sorte que cette religion et cette violence finissent par se confondre, chez les plus déséquilibrés et les plus fragiles de tes fils, dans la monstruosité du jihad !

Alors, ne fais plus semblant de t’étonner, je t’en prie, que des démons tels que le soi-disant État islamique t’aient pris ton visage ! Les monstres et les démons ne volent que les visages qui sont déjà déformés par trop de grimaces ! Et si tu veux savoir comment ne plus enfanter de tels monstres, je vais te le dire. C’est simple et très difficile à la fois. Il faut que tu commences par réformer toute l’éducation que tu donnes à tes enfants, dans chacune de tes écoles, chacun de tes lieux de savoir et de pouvoir. Que tu les réformes pour les diriger selon des principes universels (même si tu n’es pas le seul à les transgresser ou à persister dans leur ignorance) : la liberté de conscience, la démocratie, la tolérance et le droit de cité pour toute la diversité des visions du monde et des croyances, l’égalité des sexes et l’émancipation des femmes de toute tutelle masculine, la réflexion et la culture critique du religieux dans les universités, la littérature, les médias. Tu ne peux plus reculer, tu ne peux plus faire moins que tout cela ! C’est le seul moyen pour toi de ne plus enfanter de tels monstres, et si tu ne le fais pas tu seras bientôt dévasté par leur puissance de destruction.

Cher monde musulman… Je ne suis qu’un philosophe, et comme d’habitude certains diront que le philosophe est un hérétique. Je ne cherche pourtant qu’à faire resplendir à nouveau la lumière c’est le nom que tu m’as donné qui me le commande, Abdennour, « Serviteur de la Lumière ». Je n’aurais pas été si sévère dans cette lettre si je ne croyais pas en toi. Comme on dit en français, « Qui aime bien châtie bien ». Et au contraire tous ceux qui aujourd’hui ne sont pas assez sévères avec toi – qui veulent faire de toi une victime – tous ceux-là en réalité ne te rendent pas service ! Je crois en toi, je crois en ta contribution à faire demain de notre planète un univers à la fois plus humain et plus spirituel !

Salâm, que la paix soit sur toi. »

Abdennour Bidar – 29 septembre 2014

Lien à la Source



"Partageons nos passions" de Bernard Devert

$
0
0
"Partageons nos passions" de Bernard Devert

L’humanité ne serait-elle pas un musée de cire, s’interrogeait ce grand mystique que fut Maurice Zundel. La réponse est non, tant sont nombreux ceux dont l’histoire est traversée par une passion faisant vibrer la vie.

Vivre, c’est s’ouvrir à l’étrange, à l’inconnu, autant de clins d’œil à l’inattendu.

De tous les êtres vivants, seuls les humains sont riches de passions créatrices, ouvrant le champ de nouveaux possibles. Jamais nous ne sommes autant humanisés que lorsque nous les partageons, et comment s’en étonner dès lors qu’elles font tomber les frontières pour être école de liberté, mettant au ban les limites.

Je pense à Rodolphe, un jeune de 35 ans qui, après avoir connu la rue, a trouvé un logement ; le drame c’est que les murs enfermaient ses peurs. Heureusement, il sut me crier sa détresse, faisant vibrer sa recherche passionnée de quitter un monde clos ; je meurs de solitude, dira-t-il.

Le « vivre ensemble », nous l’avons souligné, est un appel à « faire ensemble ». Ne serait-il pas une invitation à partager précisément nos passions.

Vous aimez la montagne, pourquoi ne pas partir avec ceux qui regardent de loin les sommets sans pouvoir les atteindre.

Vous avez découvert avec le chant choral ou la musique une forme d’expression qui transfigure les relations ; ne serait-ce pas l’heure de faire signe à ceux qui souhaitent percevoir ces accords sans lesquels il n’y a d’harmonie ni avec soi ni avec les autres. L’enfer.

Vous aimez la sculpture, la poterie, la peinture, pourquoi ne pas demander, tel le Petit Prince : « S’il vous plait…dessine-moi un mouton. » Donner forme, c’est donner vie.

Petits Princes

Dessine-moi, deux mots si désarmants qu’ils suscitent une relation pour qui les prononce et les entend. « S’il te plait…ne t’éloigne pas de moi. »

Que de passions à partager ; il ne s’agit point de les comparer mais de les parer de cette libéralité qui toujours est un supplément de liberté.

Partager les passions avec ceux qui ont oublié les leurs ou pire ont dû les étouffer harassés par les accidents de la vie, c’est tisser des liens suscitant d’heureuses surprises pour nous arracher à la sécurité du connu.

Le Livre de l’Humanité appelle à quitter ces paysages auxquels nous nous sommes tellement habitués qu’ils se présentent comme une terre brûlée de fraternité.

Entrer dans la culture de la confiance, partager passionnément ce qui nous fait vibrer, n’est-ce pas habiter la promesse de relations nouvelles ?

S’il vous plaît… Le monde attend des Petits Princes.

Benard DEVERT, Prêtre Lyon et Fondateur de "Habitat et Humanisme"

Lien à la Source

Mourad Benchellali: "La radicalisation vient d'un sentiment d'injustice que la prison ne fait qu'alimenter"

$
0
0
Mourad Benchellali: "La radicalisation vient d'un sentiment d'injustice que la prison ne fait qu'alimenter"

Mourad Benchellali, ex-prisonnier à Guantanamo, était l'invité de BFMTV et de RMC vendredi 17 octobre 2014
Ce qu'il faut retenir de son entretien avec Jean-Jacques Bourdin :
"Le 11-Septembre a tout changé"
"Je suis parti à 19 ans en Afghanistan, en juin 2001. J'étais excité par le voyage, pour moi qui n'avait jamais quitté les Minguettes (un quartier de la banlieue lyonnaise), c'était aller sur les traces du film Rambo 3. Je n'allais pas pour me battre ou faire le Jihad", explique Mourad Benchellali.
"J'étais irresponsable et immature", assure-t-il désormais, regrettant "la souffrance infligée à sa famille et à sa mère".
"Il est très facile d'entrer en Afghanistan mais très difficile d'en sortir", assure-t-il. Une fois sur place, il intègre "un camp d'entraînement près de Kandahar durant 60 jours" et croise même Ben Laden venu "dire un discours". "Je ne parlais pas l'arabe mais et je ne le connaissais pas, mais je me suis rendu compte que c'était quelqu'un d'important car il y avait de l'excitation dans le camp".
Pour lui, ce dont il est important de se souvenir, c'est qu'à cette époque "personne ne connaissait Al-Qaïda et Oussama ben Laden. Tout a changé après le 11-Septembre" et l'attentat contre New York.
A sa sortie du camp où l'on formait des combattants prêts à rejoindre les Talibans, il parvient à s'échapper au Pakistan pour "rentrer en France" mais est "capturé par des villageois puis vendu aux Américains". Direction Guantanamo.
La détention: "il y avait des chiens pour nous intimider"
"On m'a torturé à Guantanamo", se souvient, très marqué, Mourad Benchellali. "J'y ai passé deux ans et demi pendant lesquels les journées étaient marquées par les interrogatoires. Trois fois, la police française est aussi venue m'interroger", explique-t-il. Ces "visites" ont été au coeur de son procès à son retour en France, puisque les services du renseignement ont agi hors cadre judiciaire.
Là-bas, "ça dépendait des équipes chargées des interrogatoires. C'était violent, j'ai pris des coups, il y avait des chiens pour nous intimider, j'ai passé des journées menotté à une barre de fer".
Mourad Benchellali raconte aussi avoir "appris la religion et le Coran" à Guantanamo. "C'était ma seule lecture" et "aujourd'hui je suis bien plus religieux, plus assidu aux prières".
Depuis, il a la couleur orange en horreur. Surtout, à son retour en France, il effectue 18 mois de détention où il croise "la radicalisation de près".
La prévention: "La radicalisation vient d'un sentiment d'injustice"
"Il y a une grande injustice dans la façon dont on lit mon histoire", juge Mourad Benchellali, rappelant qu'à l'époque de son "voyage", le grand public ne savait rien de ce qui se passait en Afghanistan. "On m'a traité comme un paria en France, j'ai été diabolisé, alors que l'on m'a invité en Suisse et en Belgique où j'avais l'impression que l'on me voyait comme une victime".
"Je m'identifie aux jeunes qui veulent partir faire le jihad en Syrie mais je tente de faire mon possible, en racontant mon histoire, pour les en dissuader", dit-il. Mais, selon lui, en France, on n'utilise pas les bonnes méthodes: "Retirer la nationalité à des jeunes qui ne se sentent pas Français renforce leur sentiment de rejet. En France, la seule méthode utilisée, c'est la répression policière. On manque d'humain. La radicalisation vient d'un sentiment d'injustice que la prison ne fait qu'alimenter".
Mourad Benchellali regrette aussi la stigmatisation dont sont victimes les musulmans en France. Mais, aujourd'hui, "je ne pourrais pas être tenté de me radicaliser car je m'en veux trop à moi".

Mourad a donné son témoignage dans un livre :

Voyage vers l'enfer

Journée mondiale du refus de la misère. - La...

$
0
0

19 octobre 2014 journée Mondiale pour les Missions, Réédition de "La France, Pays de Mission ?"

$
0
0
19 octobre 2014 journée Mondiale pour les Missions, Réédition de "La France, Pays de Mission ?"

Le 12 septembre 1943, une « bombe » éclatait dans l’Église de France sous la forme d’un livre intitulé La France pays de mission ? Ses auteurs, Henri Godin et Yvan Daniel, étaient tous deux aumôniers de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC). L’ouvrage marquera deux générations de prêtres et de laïcs chrétiens engagés et connaîtra plusieurs éditions, dont celle de 1962 en format poche, en plein Concile Vatican II, totalisant 140 000 exemplaires vendus. Le livre est publié à la demande du cardinal Suhard, l’archevêque de Paris de l’époque. Il met l’accent sur le caractère inadapté du système paroissial pour de nouveaux types chrétiens et préconise une pratique vécue sous d’autres formes communautaires.
Un siècle plus tôt, le même diagnostic était apparu dans trois documents remis à Mgr ibour,
l’archevêque de Paris, en 1849. Les auteurs y pointaient déjà la crise du système paroissial et présentaient des éléments de réforme.
En octobre 2014, la maison d’édition Karthala réédite ce corpus de textes augmenté d’un
avant-propos de Robert Dumont, une préface de Jean-Pierre Guérend et une postface d’Émile Poulat qui analysent et rappellent la force de ces textes. Leur relecture s’impose car elle permet de se rendre compte du chemin parcouru et d’éclairer la route de l’Église dans une société en transformations profondes et rapides. Mission de France, Mission de Paris, Prêtres-ouvriers, Concile Vatican II, tant et tant d’initiatives missionnaires, autant d’étapes dans la « course-poursuite » entre l’Église et une société de plus en plus sécularisée, de plus en plus mondialisée.
En ce début du XXIe siècle, ces textes gardent donc toujours leur actualité de par les
observations critiques et les questions de fond qu’ils posaient au christianisme même s’ils restent encore enfermés dans un catholicisme traditionnel d’avant le Concile Vatican II car ils témoignent d’une vive aspiration à une pratique de la foi libérée des formules héritées des siècles passés.
Le pape François a d’ailleurs renoué avec audace et vigueur avec les constats et les orientations du livre de Godin et Daniel, à la fois dans ses gestes, ses paroles et ses écrits. Ainsi, dans le programme qu’il développe longuement d’un style limpide dans son Exhortation apostolique, La joie de l’Évangile, il écrit : « Nous ne pouvons plus rester impassibles dans une attente passive à l’intérieur de nos églises ».
La France pays de mission ? et les textes qui l’accompagnent dans cet ouvrage sont publiés aujourd’hui non pour contribuer à une archéologie du savoir, mais pour nous éclairer par contraste sur les responsabilités présentes des chrétiens du XXIe
siècle, confrontés à de nouveaux défis tout aussi .
En espérant que ce titre retienne votre attention, nous restons à votre entière disposition
pour de plus amples informations et pour tout contact avec Robert Dumont ou le préfacier Jean-Pierre Guérend.
Jeannie Raymond

Les Editions Karthala

www.karthala.com


Service de presse - jeannie.karthala@gmail.com

Homélie du dimanche 19 octobre 2014

$
0
0
Homélie du dimanche 19 octobre 2014

Dieu et César : Toile de Rubens au Musée du Louvre à Paris

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 22,15-21.
Les pharisiens se concertèrent pour voir comment prendre en faute Jésus en le faisant parler.
Ils lui envoient leurs disciples, accompagnés des partisans d’Hérode : « Maître, lui disent-ils, nous le savons : tu es toujours vrai et tu enseignes le vrai chemin de Dieu ; tu ne te laisses influencer par personne, car tu ne fais pas de différence entre les gens.
Donne-nous ton avis : Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à l’empereur ? »
Mais Jésus, connaissant leur perversité, riposta : « Hypocrites ! pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ?
Montrez-moi la monnaie de l’impôt. » Ils lui présentèrent une pièce d’argent.
Il leur dit : « Cette effigie et cette légende, de qui sont-elles ? -
De l’empereur César », répondirent-ils. Alors il leur dit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui
est à Dieu. »

Homélie

Comment piéger Jésus ? C’était l’obsession des pharisiens. Et ils ont trouvé une occasion avec cette histoire d’impôt : si Jésus demande de le payer à l’empereur, il devient collaborateur d’un pouvoir idolâtre ; s’il dit le contraire, il est un rebelle politique.

On sait que l’Ancien Testament interdisait les images humaines sur les pièces de monnaie pour ne pas avoir l’air de dire que ce visage serait Dieu lui-même. Les gouverneurs romains respectaient cette sensibilité juive et ne frappaient sur le territoire juif que des monnaies sans image, sauf pour l’impôt impérial qui était une pièce avec effigie. Ça y est ! On le tient !

Gabriel Ringlet dans son livre Éloge de la fragilité a un petit mot délicieux sur ce texte :

“Alors, Maître, dis-nous : est-il permis de payer l’impôt à César oui ou non ?

- Comédiens ! Montrez-moi la pièce qui sert à payer l’impôt.”

Ils lui présentent une pièce de monnaie. Ils en avaient donc sur eux. Ils s’en servaient! Ils collaboraient ! Retour de la monnaie à l’expéditeur: “Rendez donc à César ce qui est à César. A Dieu ce qui est à Dieu !” Voilà les piégeurs piégés. La grenade explose, oui, mais pas là où ils l’avaient déposée.

Depuis lors, nous nous sommes souvent bouché les oreilles pour ne pas entendre la déflagration. Nous avons aménagé le territoire, la semaine à César, le dimanche à Dieu. Alors que Jésus, lui, ne sépare pas. Et ne confond pas non plus : à César et à Dieu. La mystique et la politique. Pour Jésus, le spirituel est au cœur du temporel.

“Stupéfaits de ce qu’ils viennent d’entendre, ils le laissent et s’en vont”, nous dit l’Évangile. Pas pour longtemps. Ils reviendront bientôt. Avec César. Pour arrêter Dieu.

En demandant de “Rendre à César ce qui est à César” Jésus donne son autonomie au domaine profane et politique. Désormais les chrétiens ont les mêmes responsabilités que les autres hommes dans la cité pour rendre ce monde plus juste et plus humain. En ce sens, on peut dire que tout est profane, que tout est politique.

Mais “Rendre à Dieu ce qui est à Dieu !” veut dire que la politique n’est pas le tout de l’homme. Et que la religion chrétienne ne peut jamais être un pouvoir. Elle doit inspirer des conduites et des choix, mais jamais dégénérer en pouvoir. La confusion entre politique et religion ne cause que des malheurs, car elle ouvre la porte aux intégrismes et totalitarismes. Aucun Messie n’est jamais sorti des urnes. Attention aux gourous de toutes sortes. Ils ne sont pas Dieu. Ça devrait pourtant être clair. Notre Dieu, quand il a voulu se montrer à nous, a pris le chemin du Serviteur. Dès l’Ancien Testament, l’événement fondateur du Judaïsme était un acte de libération de l’opprimé : “J’ai vu la misère de mon peuple, … je suis descendu pour le délivrer.” (Ex 3, 7) Et Dieu a toujours été du côté du plus pauvre, de celui qui souffre. Ses références sont l’enfant de la crèche et le crucifié du Vendredi Saint. Pas de danger de se tromper…

Je disais à l’instant : “Tout est profane.” On peut dire aussi que si tout porte l’empreinte de Dieu il n’y a plus rien de profane. Même si, hélas, l’homme peut être profané quand on le bafoue dans sa dignité. Alors, la vraie morale chrétienne c’est :

- quel est le choix qui va me rendre plus humain, en même temps que mon prochain ? Et ça peut commencer sur la cour de récré : si j’inventais quelque chose… pour faire plaisir.

- Comment faire en sorte que tout serve aux êtres humains et que personne ne se serve d’eux comme un moyen d’enrichissement ?

- Comment juger quelqu’un, non pas selon ce qu’il rapporte ou ce qu’il coûte, non pas sur la marque de ses vêtements ou de ses chaussures, mais sur ce qu’il est ?

Questions d’une actualité brûlante avec la crise économique et financière, et aussi puisque nous venons de célébrer la Journée Mondiale du Refus de la Misère ! Le chemin de Jésus passe par la libération effective et concrète de la misère et de l’oppression pour que chaque personne puisse reconnaître de quel amour elle est aimée. C’est Maurice Zundel qui écrivait : “Quand y aura-t-il un partage équitable du commun patrimoine ? Combien doivent douter qu’ils aient un Père, n’ayant pas de frères pour leur en montrer l’image ?”

Robert Tireau, Prêtre du Dicèse de Rennes

Lien à la Source

DÉCLARATION DE DIRIGEANTS CHRÉTIENS PALESTINIENS : L’EUROPE DOIT RECONNAÎTRE L’ÉTAT DE PALESTINE

$
0
0
DÉCLARATION DE DIRIGEANTS CHRÉTIENS PALESTINIENS : L’EUROPE DOIT RECONNAÎTRE L’ÉTAT DE PALESTINE

L’Europe doit reconnaître l’État de Palestine *

Octobre 2014

Dans un Moyen Orient qui continue à souffrir des conséquences de la violence, la population de Palestine continue à vivre sous occupation et en exil. Les chrétiens de Palestine, descendants des premiers chrétiens, sont partie intégrante du peuple palestinien, ils continuent à souffrir ; tout comme nos sœurs et nos frères palestiniens musulmans et samaritains nous avons été privés de nos droits nationaux et humains depuis près d’un siècle. Depuis Jérusalem, notre capitale occupée, nous adressons un message urgent au monde entier et en particulier à l’Europe : nous aspirons ardemment à la justice et à la paix. La reconnaissance de la Palestine et la définition des frontières d’Israël sont un premier pas vers cet objectif.
Nous avons subi l’expropriation et l’exil forcé depuis 1948, lorsque la majorité des chrétiens de Palestine ont été chassé de force de leurs maisons en Terre Sainte. Nous avons persévéré pendant 66 années d’exil et 47 années d’occupation, attachés au message de paix de Notre Seigneur. Nous sommes las des appels à la reprise des négociations alors que nous ne pouvons pas avoir accès à nos églises par le fait d’une puissance étrangère et que notre peuple est toujours humilié par une occupation insupportable. Nous sommes dans l’attente du jour où les cloches de nos églises sonneront pour célébrer la liberté et la justice.

Les chrétiens ont le devoir de résister à l’oppression. Nous pensons que la communauté internationale et en particulier l’Europe n’ont pas fait assez pour aboutir à une paix juste et durable. Vous ne pouvez pas continuer à considérer notre droit à la liberté et à l’autodétermination comme du seul ressort d’Israël. Nous avons un droit naturel à être libres et l’Europe a un devoir moral, légal et politique de demander à Israël d’assumer ses responsabilités et de soutenir les initiatives palestiniennes non-violentes pour mettre fin à l’occupation israélienne, avec la reconnaissance de l’État de Palestine dans les frontières de 1967 avec Jérusalem Est comme capitale.
Jusqu’à quand allez-vous continuer à tolérer les violations par Israël de vos propres résolutions ? Jusqu’à quand permettrez-vous que les perspectives de paix continuent à être anéanties par la colonisation israélienne ? Jusqu’à quand va-t-on permettre que nos soyons traités en étrangers dans notre propre patrie ? La fin de l’occupation israélienne est la seule voie pour les Palestiniens, chrétiens et musulmans, pour accéder à une vie de prospérité et de progrès. C’est aussi la voie la plus sûre pour garantir le maintien d’une présence chrétienne dans cette Terre Sainte, la nôtre, et pour garantir à Israël la sécurité qu’il continue à réclamer. Sans justice, il ne peut y avoir ni paix ni sécurité.
Il est temps pour l’Europe de comprendre que la seule façon de vaincre l’extrémisme et le terrorisme dans notre région c’est d’apporter la justice pour tous, en commençant par mettre fin à l’injustice historique infligée au peuple palestinien, une blessure ouverte qui continue à saigner alors que l’espoir d’un État Palestinien se fait de plus en plus incertain du fait de
l’expansion des colonies israéliennes et des nombreuses limitations imposées à notre population, avec aussi des déplacements forcés.

Dans notre document Kairos, nous Palestiniens chrétiens déclarons que l’occupation israélienne du territoire palestinien est un péché contre Dieu et l’humanité parce qu’elle prive les Palestiniens des droits fondamentaux que Dieu leur a donnés.
Nous croyons que la reconnaissance de l’État de Palestine dans les frontières de 1967 est la première étape pour changer le statu quo existant. Le boycott des produits des colonies et le retrait des investissements dans les sociétés et les organisations liées directement ou indirectement à l’occupation israélienne sont aussi une nécessité. 66 ans après le début de la Nakba palestinienne et 47 ans après l’occupation, il est temps pour l’État de Palestine d’être libre et de devenir membre à part entière des Nations Unies. Voilà pourquoi nous appelons les gouvernements européens à soutenir sans réserves la juste demande palestinienne de liberté et d’indépendance.
La communauté internationale, et en particulier l’Europe, a une responsabilité historique à l’égard des droits du peuple palestinien. L’Europe a une longue tradition de défense des valeurs de paix et de droits humains. Aujourd’hui, l’Europe peut illustrer cette tradition en aidant la Palestine.
Depuis la Terre Sainte, nous vous appelons à appliquer cette tradition à la reconnaissance de l’État de Palestine et à assumer vos responsabilités à l’égard d’une nation sous occupation, afin que l’on puisse célébrer la justice et la paix dans la terre du Prince de la Paix, Jésus Christ.

________________________________

Lien à la Source

______________________________
Cette déclaration a été signée par plus d’une centaine de responsables d’Églises palestiniens, de diplomates et de dirigeants de sociétés et d’organisations civiles, dont l’Archevêque Atallah Hanna, du patriarcat grec orthodoxe de Jérusalem, et le Patriarche émérite Michel Sabbah, du patriarcat latin de Jérusalem.
Pour plus d’information, vous pouvez vous adresser à :
· Mr Yusef Daher (Centre Inter-Églises de Jérusalem) +972 (0) 50 554 51 79 -
(<yusefdaher@yahoo.com>)
· Madame l’Ambassadrice Hind Khoury (Centre OEcuménique Sabeel de Théologie de la Libération – Jérusalem) + 972 (0) 54 565 32 10 6 – <hindkhoury@gmail.com
* Transmis par Ranjan Solomon, Conseiller en communication, Forum OEcuménique Palestine Israël (PIEF) –

http://pief.oikoumene.org/en

Hommage au père Popieluszko, assassiné il y a 30 ans

$
0
0
Hommage au père Popieluszko, assassiné il y a 30 ans

Le père Popieluszko est encore très présent dans la mémoire des Polonais. Sa mort brutale et violente, en martyr de la foi, mit un terme à une vie pleine d’espérance et d’engagement. Le prêtre polonais était très proche des membres du syndicat Solidarnosc ; ses « Messes pour la patrie » étaient une provocation pacifique adressée au régime communiste, mais la réponse de ce dernier fut bien plus lâche : le 19 octobre 1977, des membres des services secrets du régime assassinent le père Popieluszko.

Trente ans plus tard, ce dimanche 19 octobre, de nombreuses célébrations ont eu lieu, notamment dans les églises de Pologne, pour rendre hommage au prêtre polonais, béatifié par Benoît XVI en 2010. Sur sa tombe à Varsovie, le Premier ministre du pays, Ewa Kopacz, a déposé une couronne de fleurs. Un geste d’hommage et de recueillement qui a rappelé le déplacement du Pape Jean-Paul II, au même endroit en 1987. Le saint polonais et le bienheureux étaient en effet très liés, et partageant une foi profonde et des opinions politiques semblables.

D’autres prières… pour un prêtre en danger

En cette Journée Missionnaire Mondiale, l’Église polonaise a également prié pour la libération du père Mateusz Dziedzic, un prêtre Fidei Donum enlevé sept jours plus tôt, le dimanche 12 octobre, à Baboua, en République Centrafricaine. Les fidèles polonais, comme le rapporte les Œuvres Pontificales Missionnaires de Pologne, étaient en particulier invités à participer à la marche de solidarité organisée dans le diocèse d’origine du père Dziedzic, celui de Tarnow.

Le groupe responsable de l’enlèvement du prêtre réclame la libération de son propre leader, Abdoulaye Miskin, détenu au Cameroun. Le gouvernement de Bangui, la capitale centrafricaine, a envoyé une délégation à Yaoundé pour engager une discussion avec les autorités camerounaises à ce sujet.

Lien à la Source


Méditation sur la lecture du mardi 21 octobre 2014

$
0
0
Méditation sur la lecture du mardi 21 octobre 2014

Lettre de Paul aux Ephésiens : Juifs et païens sont réunis en un seul peuple par la croix du Christ (Ep 2, 12-22)

"Frères, souvenez-vous qu'en ce temps-là vous n'aviez pas de Messie à attendre, vous n'aviez pas droit de cité dans le peuple de Dieu, vous étiez étrangers aux alliances et à la promesse, vous n'aviez pas d'espérance, et, dans le monde, vous étiez sans Dieu.

Mais maintenant, en Jésus Christ, vous qui étiez loin, vous êtes devenus proches par le sang du Christ. C'est lui, le Christ, qui est notre paix : des deux, Israël et les païens, il a fait un seul peuple ; par sa chair crucifiée, il a fait tomber ce qui les séparait, le mur de la haine, en supprimant les prescriptions juridiques de la loi de Moïse. Il voulait ainsi rassembler les uns et les autres en faisant la paix, et créer en lui un seul Homme nouveau. Les uns comme les autres, réunis en un seul corps, il voulait les réconcilier avec Dieu par la croix : en sa personne, il a tué la haine. Il est venu annoncer la bonne nouvelle de la paix, la paix pour vous qui étiez loin, la paix pour ceux qui étaient proches.
Par lui, en effet, les uns et les autres, nous avons accès auprès du Père, dans un seul Esprit. Et donc, vous n'êtes plus des étrangers ni des gens de passage, vous êtes citoyens du peuple saint, membres de la famille de Dieu, car vous avez été intégrés dans la construction qui a pour fondations les Apôtres et les prophètes ; et la pierre angulaire c'est le Christ Jésus lui-même. En lui, toute la construction s'élève harmonieusement pour devenir un temple saint dans le Seigneur. En lui, vous êtes, vous aussi, des éléments de la construction pour devenir par l'Esprit Saint la demeure de Die
u."

Dieu a fait alliance avec son peuple : avec Abraham, Noé, Moïse au Sinaï...

Il lui a donné la LOI : une charte du "vivre ensemble" pour faire gagner la Vie: c'est-à-dire la veuve, l'orphelin, le petit et le pauvre. Une charte pour faire gagner "l'humanité" !

Qu'ont fait les scribes et les pharisiens de cette Loi : une doctrine sur le pur et l'impur, une séparation entre le profane et le sacré !

Au lieu d'en faire le ciment d'une unité entre les hommes ils en ont fait un instrument de séparation, de division !

Avec Jésus Dieu nous donne l'Alliance et la Loi définitives : le Christ est l'accomplissement de la Loi : l'Amour.

En sa personne et par sa Croix il a détruit ce qui séparait le profane et le sacré : il n'y a plus désormais de sacré que l'Homme !

Il a détruit la séparation entre les hommes : les juifs et les païens, l'homme et la femme, l'esclave et l'homme libre !

Le Christ rassemble désormais toute l'humanité : il a définitivement détruit la haine et réconcilié les homme entre eux.

Le Christ n'est pas venu instituer une nouvelle religion mais libérer et réconcilier toute l'humanité.

Voilà pourquoi cette exclamation au moment du procès et de la mort de Jésus : "VOICI L'HOMME"

Denis Chautard

Naître et Renaître de l'eau et de la boue !

$
0
0
Naître et Renaître de l'eau et de la boue !

Me voici à Dax (département des Landes) depuis le jour de ma fête, le 9 octobre dernier pour une cure thermale – sur prescription médicale.

En effet ma cinquième vertèbre lombaire « n'est pas fixée » au « sacrum ». Le pivot qui la tenait à la première vertèbre « sacrée » est tronqué depuis ma naissance !

Les vertèbres lombaires sont la base de la colonne vertébrale, cette colonne qui est notre axe vertical et qui repose sur le « sacrum ».

Pour ma part la colonne vertébrale « flotte » dans le vide et ne repose pas sur sa base.

Ce sont les muscles et les disques de cartilage qui compensent ce déficit structurel et me permettent de me tenir « debout » ! Mais au prix de tensions, d'arthrose et de douleurs ! La cure soulage, détend et assouplit !

Ce souci « mécanique » m'invite à une « allégorie spirituelle » que je vous propose depuis le pays de Saint Vincent de Paul !

Je découvre la nécessité d'une plus grande souplesse dans ma dimension verticale raidie et fragilisée et la nécessité de mieux l'asseoir sur sa base : « le sacré » !

Et depuis ma rencontre avec le Christ à l'âge adulte, j'ai découvert que le sacré « c'est l'Homme » !

Ma vie spirituelle, trop souvent « décroche » de ce qui la soutient : « notre commune humanité » !

Je poursuis l'allégorie.

J'ai visité la cathédrale de Dax : un édifice construit au XI ième siècle et entièrement rebâti au XV ième. On y voit un tableau autant magnifique qu'impressionnant (3m x 2m50) représentant Saint Vincent de Paul portant un bébé dans ses bras en train de sonner à la porte des Filles de la Charité pour leur confier cet enfant visiblement abandonné.

L'Eglise affiche (d'une façon « ostentatoire »!) la Charité au pinacle du Temple comme son « chef d'oeuvre ». Mais lorsque la charité s'affiche ainsi le chef d'oeuvre est en « péril » ! car la charité se fait « condescendante » et un tantinet « orgueilleuse » !

J'ai visité le « berceau » de Saint Vincent de Paul à 6 km de Dax et là j'ai fait une toute autre découverte : c'est dans une grange, en pleine nature, qu'est né le petit Vincent d'une modeste famille de bergers. Alors là la Charité nourrie d'une foi intense et d'une profonde humilité prenait une toute autre dimension.

Cette cure thermale je l'ai vécue comme une nouvelle naissance à mon humanité. Mais pour cela il me fallait composer avec le monde végétal et avec le monde animal (qui sont nos racines) en me laissant toucher par les produits de la terre et de la nature de ce pays Landais :

Badigeonné comme une plante avec de l'essence de thérébentine (la sève du pin des Landes), enveloppé de boue nu comme un ver, baigné tel le poisson dans la piscine des eaux thermales à 34°, j'approchais l'expérience qu'ont fait ces « cabossés de la vie » dans leur rencontre avec Jésus sur les chemins de Palestine : c'est avec de la boue et de l'eau que Jésus a rendu la vue aux aveugles, guéri les paralytiques et remis les gens debout !

Vivre « debout », « aller de l'avant » sont des défis offerts à chacun mais où il nous faut composer avec nos faiblesses et nos fragiltés. Souvent et inconsciemment nous compensons ces fragilités par des tensions et des rigidités !

Accepter nos fragilités, en faire une occasion même pour nous rendre plus proche des autres voilà un beau défi de notre foi au cœur de notre humanité !

Denis Chautard

L'évangile de dimanche 26 octobre 2014 : "l'ultime commandement"

$
0
0
L'évangile de dimanche 26 octobre 2014 : &quot;l'ultime commandement&quot;

L'amour de Dieu et l'amour du prochain : Matthieu 22,34-40

« Les pharisiens, apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens, se réunirent, et l'un d'entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus pour le mettre à l'épreuve : « Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? » Jésus lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Tout ce qu'il y a dans l'Écriture — dans la Loi et les Prophètes — dépend de ces deux commandements. »


Amour ! Amour ! répètent les chrétiens au risque d'écoeurer ceux qui les entendent. J'en fais autant dans ces commentaires. Nous avons, il est vrai, de bons antécédents: Jésus lui-même, relayé dans les lettres de Paul et surtout de Jean (par exemple 1 Corinthiens 13 et 1 Jean 3), met l'amour au-dessus de tout. Au-delà d'une exhortation à aimer, ces textes ont une portée théologique: ils signalent un changement de régime, un passage de la logique de la Loi à celle de l'amour. Dans notre évangile, Jésus dit que toute l'Écriture, la Loi et les Prophètes, dépend des deux commandements de l'amour. Deux commandements qui n'en font qu'un, puisque le second est «semblable» au premier, ce qui signifie que l'amour pour Dieu se vit à travers l'amour pour le prochain. C'est pourquoi Jean écrit: «Si quelqu'un dit "j'aime Dieu" et a de la haine pour son frère, c'est un menteur : qui n'aime pas son frère qu'il voit ne saurait aimer Dieu qu'il ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de lui: que celui qui aime Dieu aime aussi son frère» (1 Jean 4,20-21). Parler de l'amour en termes de commandement peut surprendre : l'amour peut-il se prescrire? Je pense que l'on veut nous dire que la loi intérieure de l'homme, celle qui le fait exister en vérité, est l'amour, ce qui élimine l'idée que l'homme a d'autant plus de valeur qu'il domine et possède davantage. L'humanité d'un homme se mesure à l'amour.

Le temps de la Loi

L'amour nous est commandé parce qu'il nous est d'abord donné. Il est en nous fruit de l'Esprit, comme Paul l'explique en Galates 5,22-26. L'Esprit est, en quelque sorte, l'amour mutuel du Père et du Fils, amour qui nous est communiqué, ce qui nous fait «participants à la nature divine». N'empêche que l'on peut se demander pourquoi nous sommes passés du régime de la Loi à celui de l'amour, pourquoi Dieu n'a pas commencé par l'amour et fait l'économie de la Loi. Il est vrai que l'Écriture présente ce passage comme historique: il s'agit d'un changement d'Alliance; d'abord l'Ancien Testament, puis le Nouveau. Pourquoi? Parce que la rencontre de l'autre, d'un autre humain, est d'abord face à face d'affrontement. L'autre est d'abord perçu comme un adversaire, mot qui signifie "tourné vers moi". Adversaire ou obstacle, c'est-à-dire obstruction du chemin que je comptais prendre: il est là, je dois m'arrêter et «faire attention à lui». L'histoire est pleine de ces affrontements. Pour surmonter l'hostilité, il faut un contrat, une convention qui délimite le territoire de chacun, fixe les droits et les devoirs: tel est le temps de la Loi. On le sait, le Décalogue parle des relations entre nous en termes négatifs: voici les limites à ne pas franchir pour que l'existence de l'autre soit respectée. Le temps de la Loi est le temps du respect et c'est bien pourquoi la Loi ne peut être effacée, même si elle est «accomplie» (Matthieu 5,17).

Quand l'amour surclasse la Loi

Ce temps de la Loi est donc conservé et surclassé dans le nouveau régime, celui de l'amour. En Colossiens 2,14, Paul explique que le Christ a cloué à la croix le manuscrit qui nous condamnait : la Loi qui parlait contre nous parce que nous nous étions montrés incapables de l'observer. Quand Jésus est crucifié, la Loi, le Droit, le respect, la justice le sont également. Seul survit et domine l'amour par lequel le Christ livre sa vie, et nous voici sous le nouveau régime, la Nouvelle Alliance. Pourquoi Jean parle-t-il à ce propos d'un commandement unique, à la fois ancien et nouveau (1 Jean 2,7-11) ? C'est que l'attention à l'autre, qui est du ressort de l'amour, était déjà présente, mais cachée, dans la Loi. C'est l'amour qui conduit le bal depuis le début, mais il ne pourra sortir de la gangue de la Loi que lorsque « les temps seront accomplis ». Mais le passage de la Loi à l'amour n'est pas seulement question de temps, déroulement de l'histoire. La Loi reste présente au cœur de l'amour comme élément de sa structure. En effet, il ne peut être question d'amour vrai sans une « dimension » de respect de l'autre, ce respect qu'instaurait la Loi. Ce que voulait la Loi est infiniment mieux obtenu par l'amour qui, dès lors, reste le seul commandement. Contre les fruits de l'Esprit, les conduites selon l'amour, il n'y a pas de loi (Galates 5,23). Saint Augustin écrivait: «Aime et fais ce que tu voudras», car ce que l'on veut est alors expression de l'amour.

Marcel Domergue, jésuite

Lien à la Source

Bonne fête de "Toussaint" !

$
0
0
Bonne fête de &quot;Toussaint&quot; !

TOUS SAINTS ?

La définition du Petit Robert est très éclairante d’une « sainteté » qui nous semble aux antipodes de nos propres vies : le saint est celui qui « mène une vie irréprochable, en tous points conforme aux lois de la morale et de la religion ». Voilà bien une forme de sainteté parfaite qui paraîtra sans doute inaccessible à la plupart d'entre nous, j'imagine, d'autant plus que nous savons bien que la perfection n'est pas de ce monde, et qu'elle n'a rien à voir avec cette sainteté dont nous parle l'Écriture.

(….)

En effet, si nous sommes tous appelés à la sainteté, dans le contexte qui est le nôtre aujourd'hui, ce n'est pas seulement pour correspondre aux modèles reçus, et ainsi réussir sa vie et son salut personnel en vue du bonheur parfait. Non, le chemin de sainteté que nous proposent les Béatitudes n'a que peu à voir avec un quelconque héroïsme de la piété, de l'ascèse ou des vertus. Mais il s'agit, devant la violence du mal, sa puissance, devant l'abîme de détresse qui saisit souvent notre monde, de manifester avant tout que Dieu s'y tient présent car des croyants y demeurent vivants, priants, aimants, comme des combattants du malheur et du destin. Rien de plus, mais rien de moins. Comme le dit l'Apocalypse, « tous ces gens vêtus de blanc viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leur vêtements, ils les ont purifiés dans le sang de l'Agneau ».

Il y a donc là plus qu'une question de sainteté, un véritable enjeu mystique : faire toujours foi au meilleur de l'humain et montrer que vivre en chrétien, ce n'est pas se tenir dans un état permanent de recherche de perfection, dans une attitude de modèle rappelant ainsi aux autres les bornes à ne pas dépasser. Non, vivre en chrétien, c'est suivre un chemin de vie fait d' « imperfections », à l'image de celui vécu par le Christ qui ne s'est pas seulement fait homme, mais qui a, lui aussi, connu l'échec et la souffrance, l'épreuve de la trahison de l'amitié, de la mort et de la descente aux enfers, avant de ressusciter le troisième jour.

Renverser notre échelle des valeurs

En relisant ainsi l'Évangile des Béatitudes, dans la foi en la résurrection, mais à la lumière de l'image du Christ en croix, nous comprenons que nous sommes invités à laisser crucifier notre bon sens raisonnable et vertueux, afin de faire nôtre le regard de Dieu : Dieu qui fait de la pierre rejetée des bâtisseurs la pierre d'angle, Dieu qui regarde comme aimable ce qui aux yeux des hommes est sans noblesse, « ignoble ». Voilà le scandale, la folie qui renverse notre échelle des valeurs, c'est-à-dire qui la remet debout pour la sanctifier ! Voilà d'où la foi chrétienne peut puiser la force de voir la sainteté, là où il n'y a, à vue humaine, rien de bon à voir !

Dès lors, ceux que nous côtoyons pourront comprendre que le chemin de sainteté ouvert par l'Évangile ne s'enracine pas en dehors de leur histoire très concrète d'hommes et de femmes d'aujourd'hui, mais qu'elle leur rend, qu'elle nous rend accessible l'ordre de la liberté, en assumant toutes les imperfections contingentes, tous les ratés de nos vies non comme des limites ou comme des concessions résignées à notre humanité, mais comme faisant partie intégralement de cette histoire d'amitié et de sainteté que Dieu a proposée un jour à l'homme, don sans repentance, trésor toujours porté dans des vases d'argile.

Fr. François-Xavier Ledoux, Dominicain

Pape François : « Etre aux côtés des pauvres, ce n'est pas du communisme, c'est l'Evangile »

$
0
0
Pape François : « Etre aux côtés des pauvres, ce n'est pas du communisme, c'est l'Evangile »

Le Pape François a accueilli ce mardi au Vatican les participants à la Rencontre mondiale des Mouvements populaires organisée en ce début de semaine par le Conseil pontifical Justice et Paix, en collaboration avec l’Académie pontificale des Sciences Sociales. Paysans sans terre, vendeurs ambulants, mineurs, chômeurs, migrants, marginaux, locataires de bidonvilles, jeunes en situation de précarité, mais aussi évêques et agents de la pastorale étaient venus l’écouter et c’est un discours long et puissant que le Saint-Père leur a adressé, s’exprimant avec passion, en espagnol, sa langue maternelle, alternant l’espérance à la dénonciation.

Terre, logement et emploi

Etre aux côtés des pauvres, c’est l’Evangile, ce n’est pas le communisme, a-t-il lancé. Pour l’évêque de Rome, il y a trois dossiers prioritaires : la terre, le logement et l’emploi. Il est d’autre part urgent de revitaliser les démocraties prises en otage par de nombreux facteurs, de vaincre la faim et la guerre et de garantir la dignité de tous les êtres humains, surtout des plus pauvres et des marginaux. Fidèle à lui-même et à son engagement de toujours, le Pape François a souligné que la solidarité était aujourd’hui confrontée aux effets destructeurs de l’empire de l’argent. Ce n’est pas en apprivoisant les pauvres et en les rendant passifs et inoffensifs qu’on luttera contre le scandale de la pauvreté, a-t-il tonné s’insurgeant contre des stratégies hypocrites.

« L'amour des pauvres est au cœur de l’Evangile »

Terre, toit et travail. Le Pape François s’est demandé pourquoi quand il évoque ces questions, certains le prennent pour un communiste. Ils ne comprennent pas que l’amour des pauvres est au cœur de l’Evangile, que ces droits sacrés sont au cœur de la doctrine sociale de l’Eglise. Et de faire la liste des injustices qui blessent le monde : les paysans déracinés à cause des guerres et des catastrophes naturelles ; les millions de personnes qui souffrent de la faim alors que la spéculation financière fixe le prix des denrées alimentaires, comme s’il s’agissait d’une marchandise parmi d’autres ; ceux qui n’ont pas de logement dans les villes immenses, modernes, fières et orgueilleuses, où fleurissent les centres commerciaux, mais où une partie de la population est abandonnée dans les périphéries.

Ces derniers, a-t-il noté avec amertume, on les désigne par un euphémisme « sans domicile fixe » ; or souvent, les euphémismes cachent des délits. Mais la pire des pauvretés matérielles c’est le manque de travail. Les millions de jeunes chômeurs sont les victimes d’un système économique qui place le profit au-dessus des personnes, qui exploite la nature pour soutenir une consommation frénétique, qui doit parfois déclencher une guerre pour survivre.

« Le monde a oublié Dieu »

Que de souffrance, de destruction, de douleur partout. Le monde a oublié Dieu et s’est retrouvé orphelin. Le Pape François veut accompagner la lutte des mouvements populaires. Il faut, selon lui, construire des structures sociales qui proposent une alternative, promouvoir la culture de la rencontre contre les discriminations, favoriser la participation de toute la population, surmonter l’assistanat paternaliste. Il faut le faire avec courage, mais sans fanatisme, avec passion, mais sans violence. Les chrétiens peuvent s'appuyer sur le programme des béatitudes. Le Souverain pontife a confirmé qu’il préparait un Encyclique sur l’Ecologie. Les préoccupations des mouvements populaires y seront présentes, a-t-il assuré.

Et pour conclure cet appel : Qu’il n’y ait plus de familles sans toit, plus de paysans sans terre, plus de travailleurs sans droits, plus aucune personne privée de la dignité que confère le travail.

L’objectif de cette rencontre est de renforcer le réseau des organisations populaires, de favoriser la connaissance réciproque et de promouvoir la collaboration entre ces mouvements et les Eglises locales. Des évêques et des agents de la pastorale engagés dans la promotion et la protection des droits humains y participent. Dans un monde globalisé, marqué par de multiples discriminations et injustices, a expliqué le cardinal Turkson, président du Conseil pontifical Justice et Paix, les congressistes, veulent faire entendre la voix des sans-voix et donner de la visibilité à des millions d’exclus et de marginaux, en particulier les paysans, les jeunes, les immigrés et les femmes qui ont du mal à obtenir un travail digne, une terre ou un logement décent, et à toutes les victimes de l’indifférence et de l’égoïsme d’un système économique et social élitiste. Ils veulent construire une société plus juste et solidaire.

Lien à la Source

QUATRE QUESTIONS POSÉES PAR LES ÉMEUTES DE JÉRUSALEM-EST

$
0
0
QUATRE QUESTIONS POSÉES PAR LES ÉMEUTES DE JÉRUSALEM-EST

Le calme est revenu mardi à Jérusalem-Est, mais l’atmosphère reste tendue. La partie palestinienne de la ville, annexée et occupée par Israël, est en proie depuis quelques mois à des troubles qui se sont aggravés jusqu’à faire craindre une troisième Intifada.

Quelles sont les origines des troubles ?

Depuis le début du mois de juillet, juste avant l’opération « Bordure protectrice » lancée par l’armée israélienne dans la bande de Gaza, Jérusalem-Est est en proie à des émeutes régulières entre de jeunes Palestiniens, dont de nombreux mineurs, et les forces de l’ordre israéliennes, essentiellement la police aux frontières.

L’origine se situe dans l’enlèvement en Cisjordanie de trois jeunes juifs par des sympathisants du Hamas, dont les corps ont été retrouvés après trois semaines de recherches, puis l’assassinat début juillet d’un Palestinien de 16 ans à Jérusalem-Est, brûlé vif par des colons en guise de vengeance.

Depuis, la tension n’est jamais retombée. La ligne de tramway qui traverse Jérusalem a notamment été la cible de projectiles réguliers, dans les quartiers arabes. Mais cette crise larvée, largement ignorée par le reste du pays, s’est transformée en crise ouverte la semaine passée. Le 22 octobre, un habitant du quartier arabe de Silwan, à Jérusalem-Est, Abdel Rahman Al-Shaloudi, a précipité sa voiture contre des passagers patientant à la station du tramway près de Ammunition Hill, le 22 octobre. La vidéo de surveillance semble montrer son intention de nuire, la voiture n’essayant jamais d’éviter les victimes.

Un bébé de trois mois, de nationalité américaine, est mort quelques heures plus tard. Une touriste équatorienne de 22 ans a aussi succombé à ses blessures dimanche. Le conducteur a tenté de s’échapper à pied, après avoir heurté un poteau, mais a été tué par les policiers. Le quartier général de la police israélienne se trouvait à quelques centaines de mètres à peine des lieux du drame. L’appartenance de Abdel Rahman Al-Shaloudi au mouvement islamiste nationaliste du Hamas, ainsi que ses séjours précédents en prison, ont été très vite révélés aux médias.

Quelle est l’ampleur des violences ?

Le quotidien de gauche Haaretz n’hésite pas à parler d’« Intifada municipale ». Depuis cinq jours, des échauffourées ont éclaté dans différents quartiers arabes de Jérusalem-Est, à Beit Hanina, Shoafat, Isawiyah, Ras Al-Amud, dans la vieille ville près de l’esplanade des Mosquées et surtout à Silwan, épicentre des troubles, juste en contre-bas de la vieille ville. La famille d’Al-Shaloudi a attendu plusieurs jours que le corps lui soit remis pour les funérailles, les autorités israéliennes multipliant les conditions (horaires nocturnes, nombre de personnes présentes) pour limiter les risques de dérapage. Des dizaines de personnes ont été arrêtées par la police. La nuit, à Jérusalem, le bruit régulier de détonations se fait entendre.

En Cisjordanie, un garçon de 14 ans a été tué par balle par des soldats israéliens vendredi lors d’affrontements. Selon l’armée, il s’apprêtait à envoyer un engin explosif sur la route, forçant une unité à proximité à ouvrir le feu. Les proches de l’adolescent, né à la Nouvelle Orléans et arrivé en Cisjordanie à l’âge de 6 ans, contestent cette version des faits.

Comment ont réagi les autorités israéliennes ?

En deux temps. Dans les heures qui ont suivi le drame d’Ammunition Hill, le gouvernement a dénoncé un acte terroriste, en rendant responsable aussi bien le Hamas que l’Autorité palestinienne. Le premier ministre, Benjamin Nétanyahou, a mis en cause son président, Mahmoud Abbas, pour avoir appelé les Palestiniens à défendre par « tous les moyens » le Mont du Temple contre les visites de juifs orthodoxes. L’accès au lieu saint a été limité par les Israéliens aux Palestiniens de plus de 40 ans. « Nous assistons à la faiblesse de la communauté internationale contre ces actions du président de l’Autorité palestinienne, a assuré M. Nétanyahou. Ils ne sont pas prêts à lui adresser deux mots critiques, ou rien qu’un seul. » Après une rencontre avec les responsables de la sécurité, le cabinet du premier ministre a fait savoir que « la souveraineté serait mise en œuvre dans tous les quartiers de la ville par le déploiement de forces supplémentaires ». Des centaines de policiers sont arrivés en renforts. Des moyens de surveillance aériennes ont été aussi mobilisés.

Alors même que les émeutes se poursuivaient, le cabinet du premier ministre a ensuite annoncé, lundi matin, l’étude du plan de construction de 1060 logements dans les quartiers juifs de Ramat Shlomo et de Har Homa, à Jérusalem-Est. Les détails n’ont pas été communiqués. Selon la presse israélienne, il ne s’agirait pas d’une initiative nouvelle, mais de la réanimation d’un plan ancien. L’annonce vise d’abord à rassurer la base radicale de la coalition gouvernementale et les organisations de colons, qui espèrent la construction de milliers de logements neufs en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Elle a été perçue comme une escalade et une provocation par les Palestiniens. « Nous avons construit à Jérusalem par le passé, a rétorqué M. Nétanyahou mardi à Ashdod, nous construisons en ce moment même à Jérusalem, et nous continuerons à construire à Jérusalem. » Lundi, s’exprimant devant la Knesset à l’occasion de la rentrée parlementaire, le premier ministre avait lancé : « Les Français construisent à Paris, les Anglais à Londres, les Israéliens à Jérusalem. Devons-nous dire aux Juifs de ne pas vivre à Jérusalem car cela va provoquer des choses ? »

Quelles ont été les réactions internationales ?

Les Etats-Unis ont une nouvelle fois condamné les projets de construction du gouvernement israélien. « Nous considérons les activités de colonisation illégitimes et nous nous opposons sans équivoque à toute décision unilatérale qui fait du tort à l’avenir de Jérusalem », a déclaré la porte-parole du département d’Etat, Jennifer Psaki. « Les dirigeants israéliens ont affirmé qu’ils soutiendraient un chemin vers une solution à deux Etats, mais ce type d’action serait incompatible avec les efforts de paix », a-t-elle ajouté. L’Union européenne a appelé Israël à « revenir d’urgence » sur cette décision qualifiée de « peu judicieuse et inopportune ».

De son côté, la Jordanie, membre non-permanent du Conseil de sécurité qui intervient souvent comme un porte-parole des Palestiniens, a demandé lundi que les 15 membres du Conseil se réunissent d’urgence pour discuter des projets de construction israéliens à Jérusalem-Est, annexée par les Israéliens depuis 1967, occupée en contradiction avec le droit international.

Par Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)

Lien à la Source


Dimanche 2 novembre : mémoire des défunts

$
0
0
Dimanche 2 novembre : mémoire des défunts

MERCI à Marie-Thérèse et Georges pour les images de cette croix du Christ qu'ils ont rapportée de M'Volyé au Cameroun.

Cette croix signe de scandale : la mort du juste persécuté et "immolé"

Cette croix est en réalité un signe de vie et même le signe de la victoire sur la mort

La commémoration des défunts - douleur de l'absence de tous ceux qui nous ont quittés - et en particulier les plus proches - cette commémoration est pour les croyants un moment d'espérance : ceux qui nous ont quittés nous ont transmis la foi, la lumière et la force. Ils nous accompagnent chaque jour et veillent sur nous

Entrons avec eux dans cette "communion des Saints" !

Denis Chautard

Dimanche 2 novembre : mémoire des défunts

Le Secours Catholique - Caritas France publie son rapport annuel sur la Pauvreté en France

$
0
0
Le Secours Catholique - Caritas France publie son rapport annuel sur la Pauvreté en France

Comme chaque année, le Secours Catholique publie aujourd’hui son rapport statistique, avec le soutien de la Fondation Crédit Coopératif « ces pauvretés que l’on ne voit plus » qui rend compte de l’évolution de la pauvreté en France et de ses conséquences sur les personnes en situation de précarité.

L’association qui a soutenu près d’un million et demi de personnes en 2013, met en lumière trois tendances fortes et inquiétantes. :

La paupérisation des seniors s’accroit, avec comme premières victimes les femmes. Cette année, elles représentent 61 % des plus de 60 ans à être reçues dans nos accueils (soit 7 points de plus en dix ans).

Le niveau de vie moyen s’élève à 515 euros par unité de consommation. Avec des ressources si faibles, c’est l’équation impossible pour faire face aux dépenses sur les postes majeurs comme le loyer, l’alimentation ou l’énergie. La précarité énergétique gagne du terrain : les impayés liés à l’énergie augmentent (+ 4 % en trois ans) et les charges liées à la mobilité pèsent de plus en plus lourd, notamment en milieu rural.

La grande exclusion des hommes seuls avec un très faible niveau de vie (166 euros par unité de consommation), souvent même sans ressources (28% d’entre eux), en logement de plus en plus précaire.

Au-delà de ces constats qui montrent que la pauvreté s’intensifie toujours davantage, le Secours Catholique-Caritas France s’inquiète du délitement du lien social dans un contexte sociétal qui se durcit.

Télécharger le rapport au format PDF

Feuilleter le rapport en ligne

« Ce que Dieu a uni… » : considérations sur la Pastorale du Mariage de Jocelyn Girard

$
0
0
« Ce que Dieu a uni… » : considérations sur la Pastorale du Mariage de Jocelyn Girard

"Ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas." (Marc 10, 9) Avec le récent Synode sur la famille, cette question du divorce et du remariage a surgi de nouveau dans les échanges. Peu de gens de mon entourage arrivent à comprendre cet "endurcissement" face aux couples qui ont vécu un premier échec et qui se retrouvent jugés par l'Église en raison d'un nouvel engagement conjugal.

J'ai moi-même eu "l'honneur" dans ma vie d'être appelé à témoigner au cours de deux mariages dans ma famille. Les deux couples m'avaient demandé de préparer leur mariage avec eux et d'y apporter ma contribution lors de l'homélie. Je dois confesser aujourd'hui que j'ai échoué lamentablement. Non pas que ce que j'ai pu dire à l'époque n'avait aucun sens, bien au contraire! En tant que jeune théologien, j'ai énoncé clairement et avec fierté le rôle et la mission du couple dans le monde: "Être le reflet fidèle de l'amour de Dieu pour l'humanité, du Christ pour l'Église en se nourrissant quotidiennement à même cet amour divin". Non, mon échec n'est pas théologique, il est plutôt anthropologique!

La très vaste majorité des couples qui s'adressent à l'Église, ici au Québec, pour se marier "religieusement", ont une très vague idée du sens théologique de leur engagement. Ils y viennent pour sceller leur amour et lui conférer une sorte de caractère sacré, ce qui montre bien leur "bonne foi". Mais même s'ils se montrent patients en écoutant l'énoncé de mission qu'on leur confie, ils sont le plus souvent à des lieues de pouvoir en saisir toute la portée et de prendre un engagement aussi définitif.

Je crois sincèrement que je n'ai pas été digne de la confiance des deux couples qui ont voulu m'associer à leur démarche. J'étais pour eux une personne de confiance face à un univers devenu étranger (l'Église) et des codes de langage qu'ils ne comprenaient pas. En principe, j'aurais dû partir de leur projet, de leur amour, de leur volonté de s'établir comme couple plutôt que de leur imposer une sorte de mission qui ne collait en rien à leur situation. J'aurais dû leur proposer quelque chose d'intermédiaire, une fête de l'amour, une reconnaissance publique d'un projet en marche, mais pas un mariage. Les deux couples ont divorcé. Les quatre personnes se sont réengagées autrement et je n'ai pas été "demandé" pour être au coeur de leur nouvel engagement. Et ça se comprend!

Une mission qu'on embrasse progressivement

La vocation religieuse nécessite du temps

Faisons un parallèle avec les personnes "consacrées", celles qui font un engagement au sein d'une communauté religieuse catholique. Celles-ci ont à vivre un certain nombre d'étapes avec des temps de discernement et parfois même d'épreuves. Une femme ou un homme se présente à une communauté, elle manifeste un intérêt. La plupart du temps, on lui montrera un certain détachement de manière à éprouver son désir. Elle reviendra et insistera. On lui proposera un temps relativement court pour "voir". Parfois, on institue même une telle étape en appelant ces personnes des "regardantes" et on leur offre un accompagnement en vue de toujours s'assurer de leur liberté. Au bout de cette période qui peut durer un à deux ans, la personne peut demander à entrer dans la communauté. Si le discernement le confirme, on l'accueillera comme "novice". Cette nouvelle étape lui permet de vivre entièrement dans la communauté, mais c'est un temps d'apprentissage, d'études, de travail. Le noviciat peut durer trois ans, parfois plus longtemps! La personne est toujours libre de quitter sans rompre un quelconque engagement. Ce n'est qu'après cette période qu'une première forme d'engagement plus formel entre en scène, la "profession temporaire". La personne s'engage à approfondir sa vocation en étant pleinement membre de la communauté, mais ses "voeux" seront à réviser au terme de l'échéance qui peut durer de deux à trois ans, parfois plus! Enfin, parvenu au terme de ce temps qui vérifie constamment la liberté de l'individu et le discernement de sa vocation, celui-ci peut alors prononcer ses "voeux perpétuels" considérés comme irrévocables. Au total, un tel cheminement peut prendre de 5 à 10 ans avant de se conclure par un "mariage avec l'Époux". La personne consacrée y reçoit la mission d'être fidèle et de témoigner de l'amour sans partage de Jésus pour elle-même et pour chaque être humain!

Revenons au mariage entre un homme et une femme. Ceux-ci ont passé quelque temps à se fréquenter, de moins en moins d'ailleurs. Ils ont assez souvent déjà vécu quelques mois ensemble, parfois plus. Et ils se présentent à l'Église. On leur donnera un weekend de préparation et on bénira leur alliance par le sacrement. Désormais, ils seront engagés de façon perpétuelle aux yeux de Dieu et personne sur terre n'aura plus le droit de "les séparer" (pas même eux)!

Ne voyez-vous pas, comme moi, une incohérence totale entre ces deux manière de s'engager devant Dieu et devant l'Église? Dans le premier cas, en outre, il s'agit d'une personne seule! Elle n'a qu'elle-même à scruter et à se voir cheminer vers son objectif alors que dans le mariage, il y a deux individus avec tout ce qu'ils sont: histoire personnelle, joies, peines, hésitations, peurs, désirs, etc.

Le sexe, le vrai problème?

La différence entre les deux situations, c'est la sexualisation de l'engagement religieux. Dans le premier cas, c'est la chasteté qui est en jeu. Dans le second, les relations sexuelles feront partie de l'équation tôt ou tard. Et comme il est rarement possible de les reporter de quelques années (!), vaut mieux alors unir les amoureux le plus tôt possible pour leur éviter le péché du "sexe hors mariage" (et aussi l'arrivée d'enfants).

Je suis sans doute bien prétentieux de croire que la gradualité de l'engagement vocationnel devrait s'appliquer de la même manière à un couple chrétien qu'il est de mise pour une personne seule. Mais mon expérience personnelle me démontre que le mariage "religieux" devant Dieu et devant l'Église ne devrait survenir qu'après bien des années de fidélité que le couple aurait vécues et qui l'auraient éprouvé. Une majorité de couples ne survit pas au temps. Ceux qui survivent et qui reconnaissent la présence de Dieu et son amour indéfectible pour eux pourraient être accompagnés et invités à sceller cet amour dans l'alliance du mariage. C'est alors et alors seulement que nous pourrions parler d'un mariage "que Dieu a uni"...

Il est probable qu'ainsi nos tribunaux ecclésiastiques seraient beaucoup moins occupés qu'ils ne le sont actuellement et que les mariages célébrés à l'Église porteraient davantage la marque de la vocation sacramentelle dont nous avons tant besoin pour signifier au monde toute la beauté de l'amour qui s'engage, qui dure et qui se transforme au rythme du temps, à l'image et à la ressemblance de Dieu...

Jocelyn GIRARD, catholique, marié, père de 5 enfants adoptés et résidant au Québec

Lien à la Source

« Si l’on faisait un grand ménage ? » Évangile du dimanche 9 novembre 2014

$
0
0
« Si l’on faisait un grand ménage ? » Évangile du dimanche 9 novembre 2014

« Comme la Pâque des Juifs approchait, Jésus monta à Jérusalem. Il trouva installés dans le Temple les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple ainsi que leurs brebis et leurs bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d'ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic.»
Ses disciples se rappelèrent cette parole de l'Écriture : L'amour de ta maison fera mon tourment. Les Juifs l'interpellèrent : « Quel signe peux-tu nous donner pour justifier ce que tu fais là ? » Jésus leur répondit : « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai. » Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce Temple, et toi, en trois jours tu le relèverais ! » Mais le Temple dont il parlait, c'était son corps. Aussi, quand il ressuscita d'entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu'il avait dit cela ; ils crurent aux prophéties de l'Écriture et à la parole que Jésus avait dite. »

Evangile de Jean 2,13-22

Nous parlons aujourd’hui de « temples de la consommation » pour évoquer les grands centres commerciaux où tout doit favoriser les échanges consuméristes : l’argent circule, les rouages économiques fonctionnent à plein.

Le spectacle que Jésus trouve en arrivant au Temple de Jérusalem est de cette nature : une agitation mercantile. Il est commun d’évoquer ici la colère de Jésus en soulignant par là son côté humain, avec la dangereuse et illusoire prétention de séparer ce qui relève en lui de l’humain et ce qui serait divin ! L’Évangile ne se préoccupe pas de nous communiquer ses mouvements d’humeur !

Ce qui est en jeu, c’est l’action du Christ et ce qu’induit sa présence dès qu’il se trouve dans l’espace de la prière, la maison de son Père. Ce qu’il fait, c’est mettre par terre tout système religieux qui finit par se détourner de l’essentiel : la vraie rencontre avec le Seigneur. Jésus se révèle comme celui qui vient inaugurer un monde nouveau où Dieu n’est pas cantonné dans des murs, qu’ils soient ceux d’un monument religieux, ceux d’une ritualité vidée de sens ou ceux d’une dogmatique figée. Il détruit les supports du marchandage et libère l’espace du Temple de tout ce qui symbolise une religion cantonnant Dieu à l’extérieur de l’humain.

La violence des actions décrites témoigne, symboliquement, de la radicalité du changement. Jésus fait table rase d’une certaine institution du religieux qui prétend se mettre en règle avec Dieu, l’amadouer en quelque sorte, sans qu’on se laisse toucher à l’intime du cœur. Nous constatons, combien il est difficile de nous débarrasser de la tentation de toujours négocier avec le ‘Dieu’ imaginaire dont on pourrait modifier l’agir !

« Détruisez ce Temple et en trois jours, je le relèverai ». Le Temple renvoie au corps, dans la parole de Jésus : « le Temple dont il parlait, c’était son corps ». Voilà le signe que Jésus donne par anticipation : le Corps dévoré par le zèle, la passion, puis mort mais relevé de la mort. Le sacrifice des animaux nécessaire au culte ancien est remplacé par celui du corps de Jésus. Le Christ ressuscité se manifestera comme Temple nouveau. Là où adviendra le culte des vrais adorateurs du Père, là vivra le Corps du Christ.

A la Samaritaine, il dira que c’est le Père qui cherche les adorateurs « en esprit et en vérité », c’est-à-dire dans l’Esprit qui est vérité. Le chemin de la foi est largement ouvert à tous. Il n’y a pas de passage obligé par « telle ou telle chapelle ».

En Jésus-Christ, Dieu a planté sa tente au milieu des hommes. La construction dont nous sommes partie prenante, c’est le Corps du Christ ; les fondations, c’est Jésus-Christ, nous dit Saint Paul dans la première lettre aux Corinthiens (3, 9…17) ; ce qui est sacré, ce ne sont pas les édifices religieux, si beaux soient-ils, mais c’est chaque humain habité par l’Esprit.

Le corps de fraternité que l’Esprit nous donne de tisser jour après jour, avec les personnes de notre quotidien, c’est notre corps de résurrection, voilà le Temple nouveau.

Malou LE BARS

Témoignage Chrétien n°3608 du 6 novembre 2014 page 4

Guillaume Roudier : «A 25 ans, j’ai décidé de devenir prêtre»

$
0
0
Guillaume Roudier : «A 25 ans, j’ai décidé de devenir prêtre»

PORTRAIT - Alors que 750 séminaristes étaient rassemblés samedi et dimanche à Lourdes à l’invitation des évêques de France, l’un d’eux, Guillaume Roudier raconte à «20 Minutes» son itinéraire religieux…

Il n’a pas eu de révélation, mais le choix de devenir prêtre s’est imposé à lui comme une évidence. L’aboutissement d’un cheminement religieux, pour Guillaume Roudier, 31 ans, aujourd’hui en 6eme année de séminaire. Ce jeune homme participera samedi au rassemblement de 750 séminaristes à Lourdes pour un pélerinage inédit.

Pourtant rien ne le prédestinait à s’engager dans cette voie. «J’ai été élevé dans une famille chrétienne mais pas très pratiquante», confie-t-il. C’est au moment de ses études universitaires, que la foi de Guillaume se renforce. Il fréquente assidûment son aumônerie et rencontre des prêtres qui forcent son admiration. Après des études d’archéologie, il travaille pendant cinq ans en tant que chargé de mission dans le patrimoine, mais sa vocation le titille. «A 25 ans, après avoir beaucoup voyagé, rencontré de nombreux prêtres, j’ai finalement décidé de m’engager et de devenir prêtre», raconte-t-il.

Le célibat, un renoncement accepté «dans la joie»

Alors que ce choix n’est pas toujours bien accueilli par les familles, la sienne se montre bienveillante. «Mes parents s’en doutaient et m’ont exprimé leur joie. Ils me voyaient heureux et voulaient m’accompagner dans cette voie», évoque-t-il ému.

Alors bien sûr, Guillaume sait qu’il va devoir renoncer à une vie de couple. Mais il affirme avoir accepté «ce renoncement dans la joie, pas dans la souffrance». «Je dois rester disponible pour toutes les autres relations humaines, qui sont tout aussi fécondes que des relations de couple, quoique différemment», analyse-t-il.

Guillaume est d’ailleurs loin de vivre comme un ermite. «Dès la 3eme année de séminaire, j’ai habité dans une maison à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) avec d’autres séminaristes et nous avons partagé une communauté de vie ponctuée de prières et de messes», raconte-t-il.

Un prêtre qui travaillera

Il a aussi choisi de devenir prêtre dans le diocèse de la Mission de France. Sa spécificité? «Les prêtres vivent leur vocation au sein de la société et travaillent. Ce qui permet de garder contact avec la réalité et d’accompagner nos contemporains dans leurs difficultés quotidiennes. J’aime aussi l’idée de vivre au sein d’un monde multiculturel et multireligieux, car le champ des possibles est infini», explique Guillaume.

En attendant de connaître sa lettre de mission pour savoir dans quelle région et dans quel univers professionnel il sera envoyé, Guillaume se projette dans l’avenir avec sérénité: «J’ai hâte de continuer ma route dans ce monde pour partager Dieu avec d’autres», s’enthousiasme-t-il.

Delphine Bancaud

Lien à la Source

« La vie mêlée, lieu de la révélation chrétienne » Echo de la rencontre régionale de la Mission de France Normandie le 11 novembre 2014

$
0
0
« La vie mêlée, lieu de la révélation chrétienne » Echo de la rencontre régionale de la Mission de France Normandie le 11 novembre 2014

Durant cette journée du 11 novembre les équipes de la Mission de France de la Province de Normandie étaient réunies pour partager leur réflexion à la suite de l’Université d’été 2014 de Lyon.

Voici le texte qui était proposé à nos échanges : « La vie mêlée, lieu de la révélation chrétienne » du Jésuite Etienne GRIEU.

« Dans notre religion, il n'y a rien de pur. Rien que l'on puisse opposer de manière franche et nette à un « impur » qui serait, lui, radicalement inapte à recevoir la visite de Dieu. Étonnant ? Pas du tout.

Le lieu naturel de la révélation chrétienne, c'est la vie mêlée : celle où tout est mélangé, où l'on ne comprend pas grand-chose, où l'on est souvent déçu, où l'on ne sort jamais tout à fait des malentendus et des tensions.

Jésus, le Galiléen, était en ces lieux-là comme un poisson dans l'eau et savait y reconnaître le don du Père.

C'est que la vie divine est bien autre chose, pour les chrétiens, qu'un morceau de Ciel tombé sur terre. Tout comme le récit biblique, elle passe par les hommes, y compris par leurs soifs, leurs tâtonnements et leurs erreurs. Rien d'étonnant, dès lors, que la « vie mêlée » soit son lieu de prédilection. Pour sentir en ouvrant ses mains la promesse d'une réconciliation, il faut avoir serré les poings ; pour se livrer à la parole heureuse, il faut savoir quel peut être le poids du silence ; pour entendre les appels comme une promesse, il faut connaître la tentation de rester sourd.

Dans l'icône de la résurrection, on voit le Christ qui, sans doute d'un grand coup d'épaule, a fracassé les portes du séjour des morts. C'est ainsi qu'il ouvre dans l'humanité un passage vers le Père : en faisant voler en éclats les verrous et les barres.

Du coup, tout ce qui nous divise, nous sépare, nous oppose, tout ce qui est injuste ou blessant peut être vu comme ce qui appelle le passage de Dieu.

Se tenir en ces lieux difficiles, c'est se porter à un rendez-vous en un endroit insolite, et signifier par sa simple attente qu'ici, une rencontre doit advenir.

Raisonner en ces termes conduit à élargir le spectre de ce qui sous-tend l'engagement des croyants.

Lorsque je prends au sérieux la vie de mon quartier, de ma commune, de mon entreprise, lorsque je me dépense pour une association ou une section syndicale, ce n'est pas seulement pour être au clair avec moi-même et réjouir ma conscience.

Loin d'être une simple question de cohérence et d'éthique, on peut y déceler aussi un rendez-vous d'ordre «sacramentel », un rendez-vous avec Celui qui sait trouver des passages là où l'humanité se complique. »

Etienne Grieu

« La vie mêlée, lieu de la révélation chrétienne » Projet n°296, janvier 2007

Question posée aux quatre témoins (Martine Bachelet, Guy Pasquier, Denis Chautard et Claude Simon) :

« Le texte se termine sur : « un rendez-vous d'ordre "sacramentel"».

Pourquoi cette expression ? Comment la comprenez-vous ? Selon vous, à quoi renvoie-t-elle ? »

Nous disposions de 5 minutes chacun. Je me suis efforcé de répondre en joignant une autre question posée à la fin de l’Université d’été : « comment rendre compte de la « Croix du Christ » au cœur de notre foi et de notre mission de baptisé, de prêtre ou de diacre ?

Voici le texte de mon intervention :

« Le sacrement c’est celui d’une « présence », présence du Christ ressuscité, présence de l’Esprit don du Père et du Fils. Ce sacrement c’est celui de notre salut : une présence qui bouscule les barrières et les frontières, qui nous libère et nous donne la Vie !

Pour nous chrétiens, le sacrement de notre salut c’est la CROIX de Jésus :

La croix n’est pas une exaltation de la souffrance ou de la mortification !

Mais la croix c’est un « croisement », c’est-à dire un choix, l’horizon de toute vie humaine en mouvement et en accomplissement !

Pour moi la croix c’est être confronté à l’égoïsme – à mon égoïsme - , aux préjugés – à mes préjugés - , aux enfermements – à mes enfermements, à la violence – à ma violence - , afin d’ouvrir (et de m’ouvrir à) un chemin de vérité, de justice, de liberté et d’altérité.

Mes propres échecs m’ont permis de découvrir une Présence et une force : celle de la Croix du Christ qui me guide aujourd’hui pour grandir en humanité.

D’autres échos de cette rencontre suivront…

Denis Chautard

Viewing all 2414 articles
Browse latest View live